Au moins 2.500 migrants sont actuellement massés à Calais…

4 juin 2015 Non Par Les_migrants_afrique
Calais: Les associations menacent de quitter le terrain des migrants

Migrants devant la porte du centre d'accueil de jour de Calais« Je fais une pause ». Ras-le-bol généralisé parmi les bénévoles qui s’occupent des migrants massés à Calais. Depuis ce début de semaine, plusieurs se sont mis en « congé » de leur action.

Les associations se sont réunies mardi. Certains envisagent purement et simplement de mettre un coup d’arrêt à leur accompagnement autour du centre d’accueil de jour Jules-Ferry, pour laisser l’État seul, face à une situation qu’ils l’accusent d’avoir créée.

Deux policiers pour trois migrants

« On ne comprend pas la logique, expose Nathanaël Caillot, de la Plateforme d’aide aux migrants. L’État met en place un dispositif d’accueil, mais ouvert seulement l’après-midi, et avec, à l’extérieur, trois robinets d’eau et une dizaine de toilettes. Pour 2.300 personnes. »

Seuls une centaine de femmes et d’enfants dorment à l’intérieur. Les autres campent dans la nouvelle « jungle », encadrée par des centaines de policiers. Lundi, la préfecture indiquait qu’elle avait mobilisé sur place « deux policiers pour trois migrants », afin de faire baisser la tension entre communautés (Soudan, Érythrée, Afghanistan…)

 

A Médecins du Monde, on attend autre chose. « La norme, dans les camps de réfugiés, c’est une latrine pour 20 personnes. A l’étranger, on aurait installé nous-même le dispositif manquant. Mais en France, ce n’est pas prévu, normalement l’État est là », s’emporte Mathieu Quinette, du Desk « France » de l’ONG.

Même les régularisations ont aggravé les tensions

Et plutôt que des policiers, Mathieu Quinette réclame « des médiateurs communautaires ».

Sur son blog Passeurs d’Hospitalité, Philippe Wannesson décrit comment le traitement en urgence, mi-mai, de dizaines de dossiers de demandeurs d’asile érythréens a encore aggravé la méfiance entre les nationalités. Même quand il agit, l’État se trompe ? « Moi ça fait 15 mois que j’attends, c’est bien pour les Érythréens, mais ce n’est pas juste », témoigne Kamal, arrivé du Tchad par la Lybie, l’an dernier.

« La goutte d’eau » de l’expulsion des squats

« Je n’en peux plus », explique alors DomDom d’une voix éteinte. Chaque jour, avec sa compagne, il apportait un générateur aux migrants pour qu’ils rechargent leur portable, ou écoutent simplement de la musique. Mais ce mercredi, il n’est pas venu.

« Ils sont au moins 2.500 maintenant, soupire DomDom. C’était déjà tendu après la bagarre de dimanche, mais mardi sont arrivés ceux qui avaient été expulsés des squats en ville. » « Ce sont les policiers qui leur ont suggéré de venir, alors que le camp est déjà dans une situation catastrophique », s’étrangle un associatif. « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».

« Je suis tellement à bout que, depuis hier, je pleure chaque fois que j’en parle », résume DomDom. Il ne sait pas quand il aura la force de revenir avec sa musique et son générateur. En attendant, il s’occupe de mineurs étrangers isolés, qu’il a pris sous son aile. Il appelle ça « faire une pause ».

20minutes.fr