Sénégalais de la diaspora : les difficiles rapports avec ceux qui restent au pays

23 mai 2015 Non Par Les_migrants_afrique
Vivre à l’étranger – dans un pays « développé » – est un rêve pour beaucoup de jeunes Sénégalais. Mais une fois partis, leurs rapports avec ceux du pays sont parfois difficiles : mythe de l’Occident et de ses richesses pour les uns, obligation de montrer sa réussite pour les autres, tout se complique.

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Le mythe a la peau dure. Partir en Occident est symbole de réussite et il faut le faire croire à ceux que l’on a quitté. Alors, même si l’on a galéré et qu’il a fallu se battre, il faut susciter l’admiration et montrer que le rêve est devenu réalité. Et en rentrant au pays, on porte des habits neufs, achetés la veille, juste pour montrer qu’on a réussi.

L’expatrié est souvent considéré par les siens comme vivant à l’étranger de manière aisée, avec une bonne situation financière. La réalité est tout autre, beaucoup ont du mal à s’en sortir, n’ont pas de travail fixe et sont obligés de faire de petits boulots pour parvenir à se nourrir et trouver un toit où dormir. Ils connaissent des fins du mois difficiles en plus du loyer, des factures, taxes et impôts à payer.

Expliquer que la vie au Nord est une galère est difficile à croire. Alors on est sollicité par les proches (et les moins proches, de plus en plus nombreux) pour des besoins financiers ou matériels, eux qui pensent que tout est gratuit et rien ne s’achète, qu’il suffit de demander : « Envoie-moi un téléphone », « Offre-moi un Ipad », « Donne-moi un ordinateur »…

Difficile à la fois de refuser et de plaire à tout le monde. On devient des méchants et des ingrats, des « mbougoul mbook » [1]. Et on culpabilise, sans jamais avoir le minimum pour vivre décemment et constituer un petit pécule pour réaliser plus tard des projets.

Alors on aimerait que ceux du pays, qui aiment faire la fête et gaspiller l’argent dans des cérémonies, prennent conscience que nous qui sommes partis souffrons et travaillons, et que l’argent que nous envoyons a été durement gagné.

Paulette Marone