Dans la campagne bourguignonne, le nouveau refuge des migrants de Calais

3 juin 2015 Non Par Les_migrants_afrique
Dans la campagne bourguignonne, le nouveau refuge des migrants de Calais

Un reportage de Camille Bordenet Photos : Claire Jachymiak pour Le Monde

Capture d'écran 2015-06-03 15.29.50Chemise écrue et cheveux lustrés, Samani Omar Salam attrape son cabas à roulettes, claque la porte du foyer Adoma et descend au village.« On est bien ici », lance le jeune Soudanais en contemplant les champs de boutons d’or. Sur la place de Pouilly-en-Auxois (Côte d’Or), 1 600 habitants, quelques commerces, une école et un clocher, il salue son ami Abdallah Mohammed, un Erythréen de 38 ans, à bicyclette. En ce doux matin de mai, on croirait les deux hommes établis dans le bourg depuis des générations. Ils ne sont pourtant que de passage, arrivés il y a quatre mois à peine, en bus depuis Calais, où ils vivotaient sous les bâches des camps de fortune, avec 2 500 autres migrants. « Là-bas j’avais froid, j’avais faim, j’avais peur, j’étais sale », raconte Samani, encore hébété à l’évocation de la « jungle ».

A Pouilly-en-Auxois, le jeune homme de 23 ans a pu dormir dans un lit pour la première fois depuis son départ du Soudan, en août 2014. Avec quarante-quatre autres demandeurs d’asile – des hommes pour la plupart originaires du Soudan, d’Erythrée et du Tchad – il loge désormais dans les anciens locaux de la gendarmerie, en bordure du village, reconvertis en centre d’accueil temporaire pour migrants (AT-SA, voir encadré).

Géré par la société Adoma, ce foyer ouvert en janvier – qui peut accueillir jusqu’à soixante migrants – a été conçu par le ministère de l’intérieur pour désengorger Calais. Si ce centre est celui qui a ouvert le plus rapidement, d’autres devraient suivre : le ministère de l’intérieur indique avoir la possibilité budgétaire de créer jusqu’à 500 places similaires pour désengorger Calais, dont « plus de 200 ont été ouvertes depuis le début de l’année, et près de 300 sont actuellement en cours d’expertise et pourraient ouvrir d’ici l’été ». « Tout cela fait l’objet de discussions au plan local, une dizaine de départements sont concernés », précise la place Beauvau, qui ne s’avance pas sur leur localisation.