Sicile: son téléphone est devenu la balise de détresse des migrants

10 juillet 2015 Non Par Les_migrants_afrique

Sicile: son téléphone est devenu la balise de détresse des migrants

Nawal Soufi, en mai 2015.

Surnommée « l’ange des réfugiés », Nawal Soufi une jeune femme de 27 ans vivant en Sicile, a transformé son téléphone portable en véritable balise pour les migrants en détresse en Méditerranée. La jeune femme a ainsi sauvé la vie de nombreuses personnes. Récit.

Elle est devenue l’ange gardien des migrants en Méditerranée. Depuis l’été 2013, Nawal Soufi ne lâche plus son téléphone portable. Cette année-là, cette Sicilienne de 27 ans a donné son numéro à plusieurs personnes en Syrie, où elle était bénévole, sans savoir que ce geste anodin allait rapidement transformer sa vie, à l’heure où des milliers de réfugiés, notamment syriens et érythréens, tentent la grande traversée au péril de leur vie. A tel point que son destin singulier a fait l’objet d’un livre Nawal, l’ange des réfugiés, sorti au mois de mai en Italie.

Bouche à oreille

C’est à son retour en Italie que Nawal Soufi reçoit un premier appel paniqué, un matin: des centaines de Syriens étaient perdus en Méditerranée sur un bateau qui prenait l’eau. Prise au dépourvu, la jeune femme a appelé les garde-côtes italiens, qui lui ont aussitôt expliqué comment aider les migrants à trouver leurs coordonnées GPS sur leur téléphone satellitaire afin d’orienter les secours.

De longues heures de silence plus tard, elle a enfin pu respirer: ils étaient tous sains et saufs. Depuis, ce scénario s’est répété des centaines de fois. Avec le bouche à oreille, le numéro de Nawal a circulé de migrant en migrant, qui le transfèrent aux candidats au départ, comme un conseil de sécurité donné avant de prendre la mer. A tel point que son téléphone sonne désormais sans cesse, et à toutes les heures du jour et de la nuit, et que ce rôle de sauveteur est devenu une occupation à plein temps.

« Un appel peut arriver à n’importe quelle heure. Des migrants en mer, qui hurlent ‘nous sommes 500 personnes à bord, il n’y a plus d’eau, nous sommes en mer depuis 10 jours…' », expliquait la jeune femme à l’AFP, en mai dernier.

Un relai entre les migrants et les garde-côtes

Née au Maroc, mais arrivée à l’âge de trois semaines à Catane, au pied de l’Etna, en Sicile, Nawal Soufi parle italien et arabe, ce qui lui permet de comprendre les réfugiés, souvent syriens, et de communiquer avec eux par SMS ou directement au téléphone.

A chaque fois, la procédure est la même: Nawal Soufi reçoit un appel ou un message de détresse, puis indique à son correspondant comment paramétrer son téléphone pour obtenir la position GPS du bateau. La jeune femme s’empresse ensuite de la communiquer aux garde-côtes italiens, afin qu’ils puissent se rendre sur les lieux du naufrage le plus vite possible. Grâce à ce réflexe, des milliers de migrants entassés sur des embarcations de fortune ont pu être sauvés à temps. D’autres n’ont pas eu cette chance.

Sa page Facebook, miroir de la détresse des migrants

Sur sa page Facebook, qui recense plus de 35.000 « j’aime », et affiche en photo de profil des numéros d’urgence que les migrants peuvent composer, Nawal Soufi poste quasi-quotidiennement des captures d’écran des messages qu’elle reçoit, et des enregistrements audio de ses conversations téléphoniques avec les migrants, comme celui ci-dessous, dans lequel elle explique en arabe à un migrant comment paramétrer le GPS de son portable.