Une vague de migrants cubains rêvant des USA

5 novembre 2015 Non Par Les_migrants_afrique

Une vague de migrants cubains rêvant des USA

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Le Mexique est actuellement traversé par une vague de migrants cubains tentant de rejoindre par la terre les Etats-Unis. Une question cruciale au menu de la première visite d’Etat que réalise jeudi le président cubain Raul Castro dans ce pays.
Plus de 1.500 Cubains sont arrivés pendant le seul mois d’octobre, une marée qui « a surpris » les autorités mexicaines, cette nationalité « enregistrant la plus forte hausse » parmi les migrants, explique à l’AFP le directeur général des services de l’immigration du Mexique, Mario Madrazo.

La vague a démarré en mai, alimentée par la peur de nombreux Cubains de ne plus bénéficier de facilités d’entrée sans visa aux Etats-Unis, avec la réconciliation historique entre les deux anciens ennemis de la Guerre froide.

Ce sera l’un des thèmes abordés à partir de jeudi par Raul Castro avec son homologue Enrique Peña Nieto.
Le dirigeant cubain effectue sa première visite d’Etat au Mexique, dans la ville de Mérida (est), jusqu’à samedi.

Des jeunes, des familles avec enfants et même des personnes âgées : une foule de Cubains arrive chaque semaine au poste migratoire de Tapachula, dans l’Etat du Chiapas (sud-est), pour entrer au Mexique.

Ils y parviennent après avoir traversé sur des embarcations de fortune le fleuve Suchiate depuis le Guatemala, se joignant au flot de migrants centraméricains tentant de rejoindre les Etats-Unis.

Entre janvier et septembre, 27.296 Cubains sont arrivés aux Etats-Unis, un bond de 78% sur un an, selon les chiffres officiels américains obtenus par l’institut indépendant Pew Research Center.

Deux tiers de ces migrants (18.397) sont passés par Laredo, ville du Texas frontalière avec l’Etat mexicain de Tamaulipas (nord-est), soit 66% de plus en un an.

Selon le gouvernement mexicain, 6.500 Cubains se sont présentés à ses services d’immigration entre janvier et septembre, le triple par rapport à la même période de 2014.
Poser le pied sur le sol mexicain est déjà un succès pour des migrants qui commencent généralement leur périple en Equateur, seul pays latinoaméricain – à l’exception de petites îles caribéennes – qui ne leur demande pas de visa et vers lequel il existe de nombreux vols commerciaux.

C’est justement à Quito que, le 6 octobre dernier, Yordan Acosta, tout juste arrivé à Tapachula, a débuté sa traversée.

Durant un mois, ce vétérinaire de La Havane de 32 ans a parcouru en voiture, avec onze amis cubains, l’Equateur puis la Colombie, avant de prendre le bateau jusqu’au Panama, de voyager en bus à travers le Costa Rica, le Nicaragua, le Honduras et le Guatemala, pour toucher enfin le Mexique.

« Sur le chemin nous avons eu beaucoup de problèmes car la police est corrompue, elle demande beaucoup d’argent et elle veut te voler », raconte-t-il à l’AFP par téléphone, calculant que le voyage lui a coûté plus de 2.000 dollars.
Une somme dérisoire, selon lui, quand il s’agit de venir en aide à sa femme, sa fille de cinq ans et son nouveau-né, tous trois restés sur l’île.

« Moi je veux seulement améliorer ma situation économique, aider ma famille », confie aussi Lil Susana Ponce, jeune Cubaine de 25 ans, mère d’une fillette de sept ans, qui attend que les services de l’immigration de Tapachula lui donnent le papier permettant de remonter le Mexique jusqu’à la frontière avec Laredo.

Pour l’obtenir, il faut être un migrant non-reconnu par son pays, donc non-réclamé pour un rapatriement. Seuls 10% des Cubains sont reconnus par leur île avant le délai requis par le Mexique, donc « le risque est minime » en se rendant aux services de l’immigration, explique Mario Madrazo.

L’exode des Cubains aux Etats-Unis, en recherche d’un meilleur avenir loin du régime communiste, n’est pas un phénomène nouveau.

En ligne de mire: la pratique américaine dite « pieds secs, pieds mouillés », qui prévoit leur rapatriement vers l’île s’ils sont interceptés en mer mais surtout leur accueil s’ils touchent terre.

Tandis que de nombreux migrants continuent de tenter leur chance via le détroit de Floride, Yordan Acosta préfère largement l’aventure mexicaine: « La terre, c’est pour les personnes et la mer, c’est pour les poissons. Si le bateau chavire, il n’y a pas de solution, même si par la terre c’est aussi très dangereux ».

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