Le parcours d’Issa : « J’ai eu mes papiers, je suis tellement content »

Le parcours d’Issa : « J’ai eu mes papiers, je suis tellement content »

29 juillet 2021 Non Par Fatou Kane

Issa, un Sénégalais de 23 ans, arrivé en France sans papiers après un parcours migratoire chaotique, a obtenu un titre de séjour. Fou de joie, le jeune homme désormais régularisé a repris des études en alternance et suit une formation de jardinier-paysagiste.

Depuis son Sénégal natal jusqu’en France. Parti sur la route à l’âge de 12 ans, le jeune homme a traversé plusieurs pays. Il a connu l’enfer de la Libye et la traversée de la Méditerranée à bord d’un canot de fortune. Arrivé mineur en Europe, il a passé plusieurs années en Italie, puis a finalement rejoint la France en 2016. Déprimé, traumatisé par son périple, Issa a eu du mal à trouver sa place. Il se dit aujourd’hui heureux d’avoir une nouvelle vie.

« Quand je suis arrivé en France, j’ai fait une première demande : un dossier pour un titre de séjour ‘vie privée et familiale’. Mais ma demande a été rejetée. 

Je ne connaissais pas grand-chose au système français, je ne savais pas quoi faire après ce refus. J’ai laissé passer plusieurs mois. C’est en allant au Secours populaire que j’ai trouvé de l’aide, en banlieue parisienne. Je suis bénévole là-bas, j’ai rencontré une femme qui m’a aidée. Elle est conseillère municipale. Elle m’a dit que des recours existaient, que je pouvais demander l’aide juridictionnelle. 

C’est ce que j’ai fait. Pendant six mois, j’ai patienté mais je l’ai obtenue. Mon avocate a monté un nouveau dossier avec tous les éléments que j’avais en ma possession. Elle m’a demandé mes contrats de formation, mes conventions de stage avec la Garantie jeunes.

La Garantie Jeunes est un dispositif du service public pour aider les publics en grande précarité à trouver un emploi ou une formation. Issa en bénéficie.

Le titre de séjour d'Issa, reçu en juin 2021. Crédit : DR
Le titre de séjour d’Issa, reçu en juin 2021. Crédit : DR

Grâce à la Garantie jeunes, j’ai trouvé une formation de jardinier-paysagiste à Paris. Pendant tout ce temps, j’essayais de ne pas avoir peur, mais je me disais : ‘Et si le préfet ne veut toujours pas que je reste en France, si la justice lui donne raison… ?’

Finalement, au bout d’un an, la réponse est tombée : le tribunal m’avait accordé des papiers ! Le préfet des Hauts-de-Seine était obligé de me délivrer un titre de séjour. Il est valable jusqu’en 2022 et renouvelable. 

Je suis très heureux. Avec des papiers, je peux commencer une nouvelle vie. 

J’ai signé un contrat d’apprentissage de deux ans avec la société parisienne qui m’emploie pour ma formation de paysagiste. Je vais à l’école en alternance avec les Apprentis d’Auteuil, à Meudon. Je continue aussi à aider le Secours populaire. 

Je vis toujours en banlieue parisienne, à Boulogne-Billancourt. J’habite un petit appartement en colocation qui nous est loué par Coallia. Mais je cherche autre chose, j’aimerais bien vivre seul. Je suis quelqu’un d’assez solitaire. 

En ce moment, c’est l’été, j’ai déposé des CV partout pour trouver un petit boulot, mais je n’ai rien trouvé. Personne ne m’a répondu. J’aimerais bien travailler un peu avant de reprendre les cours et la formation en septembre. «