Toulouse : les jeunes migrants qui campaient devant le palais de justice ont été évacués

Toulouse : les jeunes migrants qui campaient devant le palais de justice ont été évacués

22 septembre 2022 Non Par Fatou Kane

Les 141 exilés qui campaient jusqu’à présent dans les rues de Toulouse ont quitté mardi les allées Jules-Guesde qu’ils avaient investies depuis plusieurs semaines. La mise en place d’un « dispositif d’évaluation et d’intervention » de la préfecture a permis de réorienter tous les membres du groupe, pour la plupart des mineurs en recours.

Ils vont pouvoir patienter à l’abri en attendant le traitement de leurs dossiers. Mardi 20 septembre, 141 jeunes migrants qui campaient dans les rues de Toulouse, près du palais de justice, ont été pris en charge par les services de l’État. Cent trente-sept, en recours auprès du juge des enfants, ont été orientés vers des centres d’hébergement. Deux autres ont été pris en charge par le Conseil départemental « pour une mise à l’abri et une évaluation de leur minorité », indique un communiqué de la préfecture.

Enfin, deux personnes majeures, dans l’attente de l’instruction de leur demande d’asile, vont également être relogées.

« Je me réjouis que les personnes qui occupaient illégalement cet espace public aient accepté cette main tendue », a fait savoir le préfet de la Haute-Garonne.

À 8h ce jour-là, les services de la préfecture avaient installé un « dispositif d’évaluation et d’intervention » matérialisé par des tentes blanches, des bureaux et quelques chaises. « Des experts et des psychologues » ont été sollicités pour déterminer la minorité des personnes présentes, sur la base « d’analyses psychologiques », détaillait France3 Occitanie le 16 septembre. « L’opération s’est déroulée pendant toute la matinée, dans un climat serein », affirme la préfecture.

Le même jour, la mairie de Toulouse avait de son côté déposé une requête auprès du tribunal judiciaire afin d’expulser les jeunes exilés, dont l’occupation des lieux constituait, selon elle, « un trouble manifeste à l’ordre public ». Ces migrants, originaires d’Afrique de l’Ouest, du Maghreb et d’Afghanistan, s’étaient installés dans les allées Jules-Guesde après leur expulsion le 26 août de l’Ephad des Tourelles. Ils avaient trouvé refuge dans ce bâtiment en février 2020.

 Une centaine de jeunes migrants expulsés de leur lieu d’hébergement à Toulouse

Le 3 septembre dernier, les exilés avaient tenté d’investir un collège désaffecté de la ville, avant d’en être expulsés le jour même par les forces de l’ordre.

« Détresse massive »

Cette errance à laquelle sont contraints les jeunes migrants en attente de la reconnaissance de leur minorité, ou en recours, est néfaste. Selon un rapport de Médecins sans frontières (MSF) et du Comede publié en novembre 2021, elle accentue les « troubles psychiques préexistants tout en favorisant l’apparition de nouveaux troubles ». La « détresse massive » à laquelle ils sont confrontés peut même mener à des tentatives de suicide.

 Le « non-accueil » des mineurs isolés à la rue aggrave leurs troubles mentaux

Armel, un jeune exilé ivoirien, avait raconté à InfoMigrants sa détresse lorsque les autorités lui avaient refusé sa minorité. « Cette décision m’a choqué, j’étais totalement abattu […] Et je n’avais nulle part où aller. » L’adolescent avait finalement été hébergé, le temps de son recours devant la justice, par Brigitte, bénévole d’une association bretonne d’aide aux migrants.

Beaucoup n’ont pas cette chance. « Mes rêves sont gâtés. À mon âge, je dors dehors. J’ai une vie de voyou. Je dors dans les cartons. Des gens vont devenir des agresseurs en prenant ce chemin », a confié à une psychologue, Samba, cité dans le rapport de MSF et du Comede. « Je me sens comme une ordure que personne ne regarde. »