Sept Sri-Lankais renvoyés par avion depuis La Réunion

Sept Sri-Lankais renvoyés par avion depuis La Réunion

9 octobre 2022 Non Par Fatou Kane

Sept ressortissants sri-lankais ont été expulsés par avion vers leur pays d’origine, ce jeudi, depuis l’île de La Réunion. Ils étaient arrivés trois semaines plus tôt, au milieu d’un groupe de 46 débarqués sur le sol français, après 4 000 kilomètres sur un bateau de pêche. Les 39 restants vont pouvoir, eux, déposer leur demande d’asile.

Ce jeudi, sept Sri-Lankais ont été expulsés par avion vers leur pays d’origine depuis l’aéroport de La Réunion Roland-Garros (appelé aéroport Gillot par les Réunionnais). Les autorités françaises ont affrété un avion d’Air Austral pour assurer, en cinq heures de vol, la liaison entre Saint-Denis et Colombo, capitale du Sri Lanka.

Ces sept personnes, d’origine cinghalaise, étaient retenues dans la zone d’attente de l’aéroport depuis leur arrivée sur l’île, le 17 septembre. Ils faisaient alors partie d’un groupe de 46 Sri-Lankais. Ce groupe avait réussi à parcourir les 4 000 kilomètres séparant leur pays d’origine du sol français sur un bateau de pêche.

À l’origine, ces 46 personnes avaient toutes été placées dans la zone d’attente. Quelques jours après, le juge des libertés avait confirmé leur rétention. Mais le 26 septembre, la Cour d’appel avait mis fin à la rétention pour 39 des 46 migrants, retrace le média la 1ère. Ces derniers entament depuis lors les démarches pour déposer une demande d’asile.

Les sept restants ne s’étaient pas rendus, eux, à la Cour d’appel pour contester la décision du juge des libertés. C’est la raison pour laquelle ils ont été maintenus dans la zone d’attente de Gillot… Jusqu’à leur expulsion actée ce vendredi.

Les sept exilés, accompagnés de leurs avocats, avaient tout de même tenté un recours devant le tribunal administratif. Mais la procédure n’avait pas abouti.

Le préfet se félicite d’un « signal fort »

Le préfet de la Réunion, Jérôme Filippini, assume d’avoir envoyé un « signal fort » avec cette expulsion, devant la presse, ce vendredi. « Chaque fois que des situations comme celle-là se représenteront à l’avenir, et que le juge me donnera raison et me permettra de le faire, j’organiserais effectivement des départs des migrants qui sont en situation irrégulière », a-t-il martelé.

Ce discours intervient alors que l’île a connu plusieurs arrivées récentes d’exilés Sri-Lankais, et pourrait en connaître très rapidement de prochaines.

 À La Réunion six migrants débarquent à bord d’un navire de pêche sri-lankais

Ce vendredi, on signale par exemple la présence de 150 migrants sri-lankais sur l’île de Diego Garcia, un territoire d’appartenance britannique constituant une base pour l’armée américaine. Bien que ce bout de terre soit situé à 2 000 kilomètres de la Réunion, c’est par ce petit territoire, à mi-chemin entre le Sri Lanka et l’île française, qu’avaient transité les 46 ressortissants arrivés mi-septembre, rappelle le média réunionnais L’info.re.

Les départs de Sri-Lankais s’expliquent en grande partie par le contexte politique et économique de leur pays ces derniers mois. Le Sri Lanka a été agité par des manifestations d’une ampleur inédite, aboutissant à la démission du président Gotabaya Rajapaksa, mi-juillet. Une frange de la population lui reprochait la faillite économique que traverse le pays. Celle-ci s’est concrétisée par des pénuries d’aliments, de médicaments et de carburants pour les 22 millions d’habitants.

Malgré ce contexte et les difficultés passées, de nombreux Sri-Lankais voient leurs demandes d’asile rejetées par la France. Depuis 2018, seules 10% de leurs demandes ont abouti à un avis positif, a chiffré France Info fin 2021. Soit une trentaine de personnes seulement. « Depuis 2018, six bateaux ont accosté sur notre île, avec un total de 356 Sri-Lankais ayant foulé le sol réunionnais. Quelques dizaines de migrants ont finalement pu rester à La Réunion », corrobore le média local ImazPress.