Le chef présumé d’un réseau de trafic de migrants arrêté et extradé vers l’Italie

Le chef présumé d’un réseau de trafic de migrants arrêté et extradé vers l’Italie

13 octobre 2022 Non Par Fatou Kane

Temesghen Ghebru Ghebremedhin, un érythréen suspecté d’être le chef d’une organisation prolifique de trafic de migrants, a été arrêté en Ethiopie après 2 ans de cavale et extradé pour être jugé en Italie. Un autre trafiquant de haut niveau, Tewelde Goitom, connu sous le nom de « Walid », a été extradé vers les Pays-Bas la semaine dernière.

Le chef suspecté d’un réseau de trafic de migrants a été extradé vers l’Italie après son interpellation à l’aéroport d’Addis-Abeba. Temesghen Ghebru Ghebremedhin, un Erythréen de 35 ans, est considéré comme “un membre clé d’une vaste organisation transnationale qui se consacre au trafic de migrants de l’Afrique du Nord vers l’Europe”, a indiqué à l’agence Reuters une source au sein du ministère de la Justice italien.

Sous le coup d’un mandat d’arrêt depuis 2020 pour participation à la criminalité organisée internationale et aide à l’immigration clandestine, le passeur figurait sur la “notice rouge” d’Interpol. L’homme a été arrêté alors qu’il s’apprêtait à voyager vers l’Australie, où d’autres membres de son réseau opèrent.

Un autre trafiquant majeur extradé aux Pays-Bas

La semaine dernière, le parquet des Pays-Bas avait annoncé l’extradition de l’érythréen Tewelde Goitom, un autre trafiquant majeur ayant dirigé le centre de torture de Bani Walid, en Libye. Surnommé “Walid”, il avait été condamné à 18 ans de réclusion l’année dernière en Ethiopie.

Pendant des années, « Walid » a été à la tête d’un business lucratif et sans pitié. Selon des dizaines de victimes différentes, il a torturé, affamé et violé des milliers de migrants en transit en Libye entre 2014 et 2020, les retenant captifs et exigeant des rançons.

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“Sur leur chemin vers l’Europe, les victimes étaient battues, torturées et violées, alors qu’elles étaient détenues dans des camps en Libye avec des centaines d’autres personnes. Plusieurs migrants sont morts dans ces circonstances.

Pendant ce temps, des proches aux Pays-Bas étaient extorqués et contraints de verser d’importantes sommes d’argent avant que les migrants emprisonnés ne soient autorisés à poursuivre leur voyage”, a précisé dans un communiqué le procureur néerlandais. “Puisque ces infractions pénales ont eu lieu en partie aux Pays-Bas, le parquet néerlandais est compétent pour le poursuivre pour ces crimes”, a-t-il ajouté.

Des migrants rescapés des prisons clandestines de Bani Walid. À droite, un passeur compte ses billets. Crédit : DR
Des migrants rescapés des prisons clandestines de Bani Walid. À droite, un passeur compte ses billets. Crédit : DR

Un complice toujours recherché

« Walid est l’un des trafiquants d’êtres humains les plus cruels [et] a commis des crimes inimaginables contre les réfugiés érythréens », avait réagi la journaliste érythréenne Meron Estefanos à l’issue du procès du trafiquant à Addis Abeba en juin 2021. « Ce verdict est important car il adresse un message sans équivoque aux autres trafiquants en leur montrant qu’ils ne peuvent pas se cacher [et se dérober à la justice]. »

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Le verdict avait cependant été rendu sous haute sécurité : son complice, le trafiquant notoire Kidane Zekarias Habtemariam, s’était évadé en plein jour lors de son procès en soudoyant des policiers. Il avait été arrêté à Addis-Abeba après qu’une de ses victimes éthiopiennes, Fuad Bedru, l’ait reconnu dans la rue et alerté la police.

Kidane Zekarias Habtemariam a finalement été condamné en Ethiopie à la réclusion à perpétuité par contumace, mais demeure introuvable. Les Pays-Bas l’ont placé sur la liste nationale des criminels les plus recherchés, et le procureur général a annoncé une récompense de 20 000€ pour tout renseignement qui permettra son arrestation.

“Le procureur général néerlandais a l’intention de traduire les deux hommes et d’autres membres du groupe criminel organisé associé en justice”, a indiqué le parquet dans son communiqué. Selon la journaliste irlandaise Sally Hayden, qui a beaucoup couvert les conditions de détention pour les migrants en Libye, l’extradition de « Walid » marque « un grand jour pour les victimes qui s’inquiétaient constamment que l’Éthiopie ne puisse pas garder cet homme en prison, et qu’il s’échapperait comme son collègue ».